02 – ARIOVISTE, L’INVASION DES TRIBUS GERMANIQUES
iSundgau | 13 février 2015 | Historique du Sundgau | 4 commentaires
Peu avant notre
ère, notre région allait connaître une nouvelle présence sur ses terres : celle
des Romains et des légions de César. Mais avant l’arrivée des Romains, notre
région était occupée par des tribus celtes : nos ancêtres les Gaulois.
Le Sundgau était
habité par des tribus celtes : les Séquanes (Haute-Alsace) et les Rauraques
(partie Sud du Sundgau et le Jura Alsacien).
Vers -60, un grave
péril menaçait toute la Gaule du Nord. Arioviste, chef d’une coalition
germanique (les Suèves), avait déjà traversé le Rhin et s’était installé dans
la région. Les Séquanes, peuple celtique peuplant le sud de l’Alsace et la
Franche-Comté, décidèrent d’utiliser ces guerriers suèves pour contrer leur
adversaire principal : le puissant peuple des Éduens (une autre tribu
gauloise), ce peuple étant ami et allié avec les Romains.
Et nous avons là les ingrédients d’un fameux conflit à venir…
En résumé :
-65 : Les Séquanes, alliés avec les Arvernes, combattent les Éduens –> Les
deux tribus alliées perdent, les Éduens gagnent.
Vexés, les
Séquanes et les Arvernes s’allient aux Suèves (normal, ceux-ci sont déjà
implantés dans la région et sont de très farouches guerriers) et tous ensemble
marchent sur les Éduens. La tactique s’avère payante : les Éduens enchaînent
les défaites, perdent une grande partie de leur cavalerie et sont même
contraints de laisser des otages chez les Séquanes.
Cette victoire donne aux Séquanes des terres éduennes (une partie de la Loire).
Mais les Suèves, pour leur aide à cette victoire, sont aussi très exigeants :
ils demandent le Sud de l’Alsace et un tiers du pays séquane… La demande est
acceptée, les Séquanes n’ayant pas d’autre choix ! Arioviste n’en reste pas là,
il « invite » également une autre tribu germanique à venir coloniser ce
territoire nouvellement conquis. Et 24 000 Harudes débarquent ainsi en Gaule…
Et ce n’est qu’un début !
On peut comprendre
que les Séquanes ne sont pas contents du tout. Que font-ils ? Ils proposent à
l’ancien ennemi, les Éduens, de lutter avec eux contre Arioviste et les tribus
germaniques. Les Éduens acceptent l’alliance, les Arvernes préfèrent rester
neutres.
Une bataille sanglante s’engage, avec, de chaque côté, plus de 20 000 hommes.
Cette bataille est une vraie boucherie et les Suèves gagnent !
Arioviste demande un deuxième tiers du pays séquane et Éduens et Séquanes
deviennent ses vassaux. Cela se gâte vraiment…
Rappelez-vous, les
Éduens sont amis et alliés des Romains. Leur chef, Diviciacos, part à Rome pour
demander l’aide militaire face à Arioviste. La demande est acceptée et Jules
César, tout juste élu consul et à qui l’on a confié les provinces de la Gaule
cisalpine (vallée du Pô) et transalpine (côte méditerranéenne française et
Rhône-Alpes) est envoyé par le Sénat pour régler ce différend.
Voici donc Jules César et Arioviste (qui a été rejoint par d’autres tribus
germaniques) qui négocient et finalement Arioviste accepte d’arrêter sa
conquête de la Gaule et de retourner de l’autre côté du Rhin. En échange, Jules
lui offre le titre « d’amis du peuple romain ». Cela semble un peu trop
facile…
Les Éduens et les
Séquanes sont donc libérés des Germains (pour le moment), mais une autre menace
se profile à l’horizon. Un autre peuple gaulois qui occupe l’actuelle Suisse se
sent menacés par les Germains et décide de faire migrer son peuple entier vers
la Gironde. Mais pour y arriver, il faut traverser la Gaule et ses nombreuses
tribus, dont les puissants Séquanes, Éduens et Arvernes ! Les Helvètes comptent
368 000 hommes et décident de commencer leur migration. Les Séquanes acceptent
leur passage. Mais les Éduens l’ayant refusé, les Helvètes brûlent et ravagent
tout sur leur passage. Désemparés, les Éduens refont appel à Rome.
Jules César arrive et se met en chasse des Helvètes. Il analyse la situation :
il faut que les Helvètes retournent dans leur pays, car si l’Helvétie est vide
d’habitants, les Germains n’auront aucun mal à s’en emparer et ce serait un
danger pour Rome. Après plusieurs batailles, il réussit à convaincre les
survivants de retourner chez eux.
Les Éduens sont
sauvés mais pour peu de temps. En effet, ils vont devoir faire face (avec les
Séquanes) à nouveau à un ennemi qu’ils connaissent bien : les Germains
d’Arioviste !
Bataille de Cernay
(Ochsenfeld)
Arioviste considère que les territoires conquis par ses tribus lui
appartiennent et revient pour revendiquer ses droits. Après une rencontre
houleuse avec César auquel il avait proposé une partition de suzeraineté en
Gaule (le Nord dominé par les Germains, le Sud par Rome), Arioviste se tient
prêt à affronter, encore une fois, les troupes romaines. Il n’a peur de rien,
les Germains étant plus nombreux que les Romains. Et la bataille s’engage avec
une violence inouïe.
Arioviste est battu, assez difficilement, mais battu, par les Romains en -58,
probablement près de Cernay, au lieu-dit « Ochsenfeld ». Il s’enfuit (par la
nage, dit-on), avec ce qui reste de son armée, de l’autre côté du Rhin. Il
mourut peu après.
Cette victoire
romaine a, peut-être, été déterminante pour des siècles sur le destin de
l’Europe au Nord des Alpes, une défaite aurait rendu impossible la conquête de
la Gaule.
Jules César quitta la région pour n’y plus revenir.
Les différentes
tribus gauloises de notre région ne semblent pas avoir répondu à l’appel de
Vercingétorix en -52. Apparemment, le soulagement de voir écarté la menace des
invasions germaniques primait toute autre considération.